« Histoire des terrasses et de leur mise en culture »

Séance du 07/10/2024 à Breil-sur-Roya

Deux géographes de Sorbonne Université, Titouan le Vot et Marianne Cohen, sont venus à la rencontre d’une vingtaine d’habitants de la vallée de la Roya lundi 7 octobre pour recueillir leurs témoignages sur la question de l’entretien et d’une remise en culture des restanques qui façonnent nos paysages. Dans un premier temps, ils ont présenté les résultats de leurs recherches en cours sur l’histoire des terrasses réalisées à partir d’une analyse de cartes historiques (voir illustrations).

Ensuite, la parole a été donnée au public. Les témoignages font apparaître des difficultés que connaissent presque tous les propriétaires de restanques :

  • La difficulté de l’entretien des terrasses dans des terrains où l’utilisation de machines est difficile, voire impossible. « La machine à remonter les pierres, il faudrait l’inventer d’abord ! » ont dit certains. Dans la mesure où le travail est très physique et technique, que la main d’œuvre coûte cher et que le travail collectif ne fonctionne plus comme autrefois, ils sont nombreux à abandonner l’entretien de leur terrain.
  • Les terrasses ne sont plus exploitées comme autrefois, elles appartiennent aujourd’hui majoritairement à des particuliers qui ne les entretiennent pas dans un but de rentabilité, mais plutôt pour leur valeur paysagère, affective et patrimoniale.
  • Les restanques ont besoin d’un système de drainage, dont faisaient partie autrefois les canaux d’irrigation qui, pour certains, ne sont plus entretenus.
  • Les ravageurs, notamment les sangliers font des gros dégâts dans les cultures et endommagent les restanques en arrachant les pierres sur leurs passages.
  • La problématique d’accès au foncier pour les porteurs de projet a aussi été mise en avant : bail précaire souvent proposé (commodat), mais rarement de bail agricole ou de vente, sauf à des prix prohibitifs ; et la difficulté d’avoir l’autorisation de vivre sur son exploitation.

Ils se posent donc plusieurs questions :

  • Les restanques qui façonnent nos paysages font partie de notre patrimoine, mais est-il raisonnable de les entretenir seulement à ce titre-là ? Ne serait-il pas intéressant de les laisser retourner à la nature ? Quel impact apporte ce milieu particulier sur la biodiversité ?
  • Quelles conséquences ont l’abandon des terrasses et le retour de la forêt sur la stabilité des terrains ?
  • Sachant que les institutions soutiennent l’organisation de stages pour apprendre à remonter des murs en pierre sèche, comment aller au-delà de ces initiatives pour aider les particuliers ou agriculteurs qui souhaitent les entretenir ?
  • Quelles sont les pratiques recommandées aujourd’hui pour remettre en culture ces restanques ?

A vous maintenant, vous lirons avec plaisir vos commentaires !

👉 Vous pouvez consulter et télécharger la présentation qui a été projetée lundi 7 octobre à Breil ici :

Histoire-des-terrasses-et-leur-mise-en-valeur-passee-presente-et-future-BREIL-071024

Séance du 08/10/2024 à Saorge

Le lendemain, cette conférence a été aussi présentée à Saorge à la chapelle des Pénitents Noirs, avec des données ciblées sur les terrasses du haut de la vallée. Une soirée réussie pour Marianne Cohen et Titouan Le Vot, qui comptait également des participants venus de Breil et de La Brigue, en complément des locaux saorgiens. 45 min d’échanges bien intéressants et de contacts noués.

De nombreuses questions ont également été soulevées, notamment la difficulté pour les néo-ruraux à exploiter une terre que l’on a du mal à se voir louer, les aspects sociologiques et socio-économiques autour de la réhabilitation de ce patrimoine vivant et non pas muséifié, le regret de l’absence de retour concernant certains diagnostics des végétaux réalisés dans d’autres cadres de recherche sur les parcelles environnantes…

Les échanges ont été poursuivis le lendemain avec Jean-Marc Terpereau, qui a fait visiter des planches en dessous du village ainsi que côté Bendola. De futurs camps de terrain pour des étudiants en perspective.

👉 Vous pouvez consulter la présentation qui a été projetée mardi 8 octobre à Saorge en cliquant ici.