24/06/2025 – Retour sur la soirée de lancement du projet

À Saorge, un projet de science citoyenne pour mieux comprendre l’eau ensemble

Habitants, chercheurs et artistes se sont réunis pour le lancement de Saorge STORY, un projet collectif centré sur les enjeux de l’eau du village de la Roya.

Ce mardi 24 juin, une quarantaine de personnes se sont retrouvées au Monastère de Saorge pour la première rencontre autour du projet Saorge STORY, porté par Remontons la Roya, Sorbonne Université, Université Côte d’Azur et Aix-Marseille Université et soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR).

Saorge STORY part d’un constat partagé par les habitants : l’eau rythme la vie dans la vallée. Elle peut manquer, déborder, abîmer, relier… ou faire rêver ! Ici, les habitants le savent bien. Le projet vise à rassembler citoyens, scientifiques, et artistes pour réfléchir et agir ensemble autour de cette ressource essentielle.

« L’idée est de comprendre les interactions entre les dynamiques de l’environnement (comment l’eau circule, d’où vient-elle et quelle est sa qualité) et les comportements humains (perception de la ressource et de ses usages). » a introduit Valérie Plagnes, hydrogéologue et coordinatrice scientifique.

Un projet construit à partir du territoire et de ceux qui y vivent

À Saorge, l’eau est partout : dans les souvenirs de crues et de glissements de terrain, dans les périodes de sécheresse prolongée, dans les systèmes d’irrigation partagés, dans les inquiétudes pour les jardins ou les sources, dans les gestes quotidiens.

C’est Karine Emsellem, géographe à Université Côte d’Azur, qui a ouvert le cercle de discussion en invitant chacun et chacune à partager ce que l’eau représente pour  eux. Son approche a permis de faire émerger des paroles riches, mêlant souvenirs, ressentis et pratiques concrètes.

Tout au long de la soirée, les participants ont rappelé combien les changements vécus sur le terrain sont profonds. Une habitante a témoigné avoir vécu plus de trois mois sans eau dans son hameau. Un autre a évoqué les infiltrations qui déstabilisent les murs de sa maison. Une participante a raconté sa difficulté à savoir si l’eau de sa source était potable ou non, pendant qu’une autre faisait le lien entre le coût du traitement et les pratiques d’arrosage.

Ces récits posent la réalité : les habitants font déjà l’expérience des limites du système hydrique actuel, et beaucoup ressentent à la fois le besoin de comprendre ce qui se passe, et de se rassembler pour agir.

« En apprenant à connaître le fonctionnement de ce bien commun, nous pourrons nous prévenir du manque d’eau ensemble », a résumé Christian Gorini, géologue à Sorbonne Université.

Participez : observations, mesures, récits, idées… le projet est ouvert !

Le projet Saorge STORY ne se limite pas à une étude académique. Il repose sur la participation active des habitants, à travers des rencontres, des observations partagées, des relevés sur le terrain, des ateliers cartographiques ou encore la collecte de récits.

Comme l’a expliqué Benoît Viguier, hydrogéologue à Université Côte d’Azur, des mesures seront menées dans les rivières, les sources et les captages : température, pH, minéralisation et analyses hydrochimiques et isotopiques. Ces données permettront de mieux comprendre la provenance de l’eau, ses variations saisonnières, ainsi que les caractéristiques souterraines des réservoirs aquifères. Pour les habitants, cela pourra aider à mieux anticiper les périodes de pénurie, à localiser les ressources les plus stables, et à développer une culture partagée autour de la qualité et de la gestion de l’eau.

Au cœur de la démarche, il y a l’idée d’un échange de savoirs à double sens. Les habitants enrichissent le projet par leur connaissance concrète du territoire, tandis que les scientifiques apportent des outils pour analyser, observer et agir. Cette montée en compétences partagée est essentielle pour construire des réponses adaptées et durables. Ainsi, rôle de Remontons la Roya est de contribuer à une mise en commun des savoirs et connaissances au bénéfice de tous.

Une soirée de lancement vivante, engagée et chaleureuse

Autour de cartes participatives, de discussions en cercle, d’objets symboliques apportés par les participants, la soirée a permis à chacun d’exprimer ce que l’eau représente pour lui ou elle. Un gobelet percé évoquait un besoin non comblé. Un objet en plastique usé trouvé dans une rivière rappelait la pollution insidieuse. Une baguette de sourcier devenait outil de transmission et d’échange. Un médicament, une salade ou encore un raccord d’irrigation improvisé ont déclenché des discussions sur l’eau comme source de soin, de lien, de charge mentale, ou de conflit.

Les échanges ont été accompagnés par une facilitation graphique en direct réalisée par Morgane Ganault, illustratrice installée dans la vallée. Ses dessins ont permis de structurer et de restituer des échanges de manière visuelle, pour garder une trace vivante et sensible de ce moment collectif.

Le repas partagé a prolongé les échanges dans une ambiance conviviale. De nombreuses personnes ont exprimé leur envie de continuer à s’impliquer dans la suite du projet.

📅 Prochaine étape : ateliers de terrain dès la fin de l’été 2025

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